Et si on vous disait que 89% des sites gouvernementaux européens laissent l’AdTech se servir des données de leurs citoyens ?
L’AdTech, c’est quoi ?
L’AdTech désigne l’ensemble des technologies qui permettent de normaliser et d’optimiser l’achat et la vente d’espaces publicitaires sur internet.
Cela suppose le respect de l’expérience utilisateur et de la protection des données personnelles telles que cela a été défini dans le RGPD (règlement général sur la protection des données). Il est bien mis en évidence qu’une donnée récoltée sans consentement de la personne concernée ne doit pas être exploitée.
L’offre des AdTechs est donc constituée des technologies pointues de la publicité digitale.
La Demande est quant à elle composée :
- Des annonceurs qui veulent acheter de l’espace publicitaire
- Des éditeurs qui veulent commercialiser leurs espaces publicitaires. C’est en effet leur principale source de revenus.
Ces derniers aspirent à obtenir les meilleures performances pour proposer à leurs clients les meilleures campagnes. Pour gagner en performance, l’AdTech s’appuie donc sur le recueil et l’exploitation de données.
Et les sites gouvernementaux dans tout ça ?
Il semblerait qu’aujourd’hui, de nouveaux acteurs insoupçonnés recourent à l’AdTech. D’après un rapport de Cookiebot, une société danoise spécialisée dans l’application du RGPD, 89% des sites web officiels des gouvernements laissent l’AdTech se servir des données de ses visiteurs. Seulement trois d’entre eux échapperaient à la règle : l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas.
En effet, les portails gouvernementaux et services publics de l’Union Européenne permettent à une centaine d’entreprises de collecter automatiquement les informations de leurs visiteurs. On peut par exemple trouver des vidéos Dailymotion sur les sites web gouvernementaux. Or, derrière un player Dailymotion se trouvent 41 entreprises de tracking telles qu’Adobe Inc. ou Delta Projects. Ce sont donc ces trackers publicitaires mis en place qui permettent de contrôler les pages qu’un visiteur consulte, les actions lors de sa navigation, le moment de visite de la page ou encore la durée de la visite.
Parmi ces entreprises, on retrouve les géants Facebook et Google. Google est d’ailleurs présent dans 82% des sites officiels de l’UE. A titre d’exemple, c’est la France qui affiche le plus haut score. 52 entreprises suivent les visiteurs du site web du gouvernement français.
Le modèle économique de ces sociétés de tracking est basé sur la revente des informations collectées, notamment dans le cadre de retargeting. Or, ces données collectées, pouvant être très privées et sensibles, notamment en matière de santé, sont donc échangées à l’insu des visiteurs. C’est d’autant plus étonnant que les sites web gouvernementaux laissent faire car ils n’ont aucun besoin de support publicitaire pour se financer et perdurer.
CONCLUSION
Les sites officiels des gouvernements européens seraient-ils eux même non conformes au RGPD ?
D’après Cookiebot, les sites des gouvernements n’ont aucune visibilité sur les données collectées. Ces données ne constitueraient d’ailleurs aucune source de revenus pour ces sites. Toutefois, c’est de leur responsabilité d’assurer la sécurité et la protection de la vie privée de leurs citoyens. Et il semblerait qu’elles soient mises à mal sur leurs propres territoires numériques.